Si tu penses savoir qui tu es… tu n’es sûrement pas en train de l’être
- Katiana Cordoba
- 3 juin
- 4 min de lecture
(Pourquoi l’authenticité n’est pas une identité fixe, mais un devenir vivant)

On entend souvent : « Sois toi-même. »Ça a l’air simple. Évident.Mais… qui est ce “toi-même” qu’on est censé être ?
La plupart des gens croient savoir.Ils disent : « Moi je suis comme ça », en parlant de leurs pensées, leurs habitudes, leur caractère.Mais ça, ce n’est pas toi.C’est un reflet — une image passagère sur la surface de quelque chose de beaucoup plus vaste.
En réalité, ce que l’on appelle “moi” est souvent un assemblage d’idées transmises.Des croyances héritées. Des attentes sociales.Dès l’enfance, on nous dit : “Voilà qui tu es.”Et un jour, sans même s’en rendre compte, on y croit.
Mais le jour où l’on croit avoir trouvé qui l’on est…on devient prisonnier de cette idée.
On la défend. On la protège. On veut la prouver. Et on vit selon cette version, même si elle ne nous ressemble plus.On arrête d’être vivant… pour devenir fidèle à une image morte.
C’est là que commence la souffrance.Parce qu’au lieu de vivre ce qu’on est,on vit ce qu’on pense devoir être.
Être authentique ne veut pas dire rester pareil
On confond souvent authenticité avec cohérence.On pense que “rester soi-même” veut dire rester pareil.
Mais être soi, ce n’est pas être prévisible.C’est être vivant. Et ce qui est vivant… change.
L’authenticité n’est pas une forme figée.C’est un mouvement. Une présence. Une ouverture à ce qui se révèle ici, maintenant.
Tu n’es pas une définition.Tu es un devenir.
Devenir, c’est revenir à soi
Écoute les mots :
En français : devenir — venir à être.
En espagnol : volverse — retourner vers soi.
En anglais : become — venir à ce que l’on est déjà.
Toutes ces langues parlent d’un même secret :Devenir, ce n’est pas devenir autre chose. C’est revenir à ce que tu as toujours été.
Pas besoin de te transformer. Il suffit de te retrouver.
Comme une photo qui se révèle dans l’eau
Imagine une vieille photo en train d’être développée. Au début, tout est flou.Puis, lentement, un visage apparaît.Des lignes. Des ombres. Une lumière.
Tu ne rajoutes rien.Tu permets simplement que l’image se révèle.
Voilà ce qu’est le devenir.Tu es cette photo. Et tu es aussi l’eau.
Et un jour, quand l’image devient plus nette, tu réalises quelque chose d’incroyable :elle est vivante. Elle ne cessera jamais d’évoluer.
On ne perçoit que 0,0035 % de notre lumière — et c’est parfait ainsi
Tu es infiniment plus que ce que tu peux voir.Mais dans cette expérience humaine,on ne voit qu’une toute petite partie à la fois.
Un éclat.Un fragment.Un point de lumière dans un océan d’invisible.
Ce 0,0035 %, ce n’est pas un défaut.C’est l’essence même de l’expérience.
On vit seconde par seconde,car c’est ainsi qu’on ressent. Qu’on goûte. Qu’on aime.
Si on voyait tout en même temps,on ne saurait plus comment vivre.
Et peut-être… que ce n’est pas juste une limite.Peut-être que c’est notre Créateur qui nous chuchote :« Ne précipitons pas les choses. Goûtons le devenir. »
La vie est une amante qui veut être rencontrée lentement, dans une pleine présence — et non d’un seul coup.
Et dans ce tout petit fragment qui nous est donné,on peut toucher l’infini.
C’est minuscule… et immense à la fois.
Nous ne sommes pas un instant — nous sommes le temps qui se déploie
Parfois, on dit : « Il est huit heures. »Mais au moment même où on le dit… ce n’est déjà plus vrai. Il est huit heures et une seconde. Puis deux. Puis trois. Et le temps s’écoule. On ne peut pas l’arrêter.On ne peut pas le saisir. Il nous échappe toujours — comme une illusion.
Et nous… nous sommes pareils.
On s’imagine comme une personne figée dans un instant.Comme si on pouvait se définir avec une seule image,une seule idée,une seule version de soi.
Mais la seconde suivante… on est déjà autre.On a déjà changé.
Le temps est une ligne qui relie le passé, le présent et le futur. Et même si on ne peut en vivre qu’un instant à la fois,nous sommes toute la ligne.
On avance le long de ce fil,sans jamais pouvoir l’embrasser entièrement,sans pouvoir le contenir —et pourtant, nous en sommes faits.
Nous sommes le mouvement de chaque point,chaque seconde,chaque transformation.
Et de la même façon qu’on ne peut pas tenir le temps dans la main,on ne peut pas enfermer qui l’on est dans une idée.
Nous ne sommes pas un instant.Nous ne sommes pas une étiquette. Nous sommes le temps lui-même — en train de se déplier dans la conscience.
Tu es un mouvement vivant
Alors… qui es-tu ?
Tu n’es pas un nom. Ni un passé. Ni une identité.
Tu es un mouvement.
Comme l’air, comme la mer, comme la flamme.Tu n’es jamais figé.
Même le “maintenant” n’est pas immobile.Ce moment que tu vis déjà change.
Et pourtant, c’est le seul endroit où ton être peut respirer.
Pas dans le souvenir. Pas dans l’idée. Ici. Maintenant.
Le mystère est le véritable trésor
Alors si quelqu’un te demande :« Qui es-tu ? »Peut-être que tu répondras avec un sourire doux :« Je suis ce qui est en train de se révéler. Je suis le mystère qui revient à lui-même. »
Et peut-être que cela suffit. Non pour comprendre le mystère…mais pour le vivre.
Et si tu commences à regarder plus profondément…
Si un jour, tu poses la vraie question :« Qui suis-je ? »
La seule réponse honnête sera :Je ne sais pas.
Parce qu’on ne peut pas savoir qui l’on est avec l’esprit.On ne peut que le vivre.
Tu es un dévoilement qui ne finit jamais.Tu es un être en train d’émerger,seconde par seconde,dans un mouvement éternel.
Tu ne peux pas être expliqué.Tu ne peux pas être défini.Tu peux seulement être.
Et c’est pour cela qu’on ne peut pas vraiment en parler. Seulement le ressentir.Le toucher.Comme je le fais avec toi maintenant.
Katiana
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